Horval et FOS pour de meilleures conditions de travail dans la chaine des noix du Brésil en Bolivie

Avec 82% des ventes, la Bolivie est le premier exportateur de noix du Brésil. Cependant, les conditions de travail dans le secteur sont problématiques : rémunération injuste, travail des enfants, servitude pour dettes... La chaîne de production des noix en forme de lune n’est pas transparente et renforce l’inégalité et l’exploitation. 

Pour toutes ces raisons, la FGTB Horval et l’ONG belge FOS ont, en coopération avec leurs organisations partenaires boliviennes et l’institut de recherche néerlandais SOMO, réalisé une étude sur cette chaine de production. La réaction du patronat est sans surprise. « Personne ne veut que ce soit révélé », explique un ramasseur de noix qui souhaite rester anonyme. Nous, oui ! 

La chaîne de production 

Quelque 14.000 ramasseurs de noix envahissent la forêt amazonienne bolivienne pendant 3 mois ; ils gagnent environ 350€/mois. Souvent, le travailleur devra partager ce montant avec les membres de sa famille. Les 9 mois de l’année restants, il dépend d’un autre emploi. Les noix ramassées vont ensuite à l’usine. Les 8.000 ouvriers transforment les noix ; leur salaire moyen oscille autour de 310€/mois. Ces salaires faibles contrastent violemment avec les bénéfices royaux des principales entreprises d’exportation. La valeur de l’exportation est actuellement 60 fois plus importante par rapport aux années ’80 ; 54% des exportations sont destinées à l’Union européenne. 

Des conditions de travail déplorables 

Une majorité des ramasseurs de noix interrogés confirment que des  mineurs aident à la récolte ; 35% d’entre eux ont moins de 14 ans. Cela porte préjudice à leurs résultats scolaires. 

De plus, 1 ramasseur de noix sur 5 qualifie son travail de “travail forcé”. En effet, 88% des personnes interrogées utilisent le ‘habilito’, un système par lequel les employeurs avancent le salaire ou accordent des prêts aux travailleurs avant qu’ils n’entament le travail. 

En plus de ces formes extrêmes de violations des droits du travail, l’enquête souligne l’absence d’un contrat écrit et le manque d’accès à la protection sociale. Seuls 9 % des cueilleurs sont couverts par une assurance maladie. Chaque année, des morts sont à déplorer : un accident de travail, une morsure de serpent... 

Interpellation des entreprises concernées 

Les conditions de travail dans la récolte et la transformation des noix du Brésil étant tellement problématiques, la FGTB Horval et ses partenaires ont interpellé les principales entreprises. A titre d’exemple Aldi, l’un des détaillants les plus influents du secteur, exprime sa préoccupation et s’engage à examiner les dangers en matière de droits humains. L’entreprise se dit déterminée à mettre fin aux conditions de travail abusives une fois que son analyse des risques sera terminée. Affaire à suivre… 

Le travail syndical est la solution ! 

Les résultats de l’étude ont provoqué l’indignation de différents acteurs de la chaine. Quelques jours après sa publication, le 24 octobre 2020, les syndicats des ramasseurs de noix et des ouvriers d’usine mais aussi des coopératives indigènes et des organisations agricoles se sont réunis. C’était une réunion historique. Pour la première fois, il a été décidé qu’il fallait une alliance intersectorielle. Les ouvriers au début de la chaîne doivent parler d’une seule voix ; la problématique du ramasseur de noix concerne également l’ouvrier d’usine. 

Au lendemain de cette réunion, la note reprenant les nouvelles revendications des différents partenaires a été transmise. « Nous plaiderons pour l’intégration des organisations syndicales dans le secteur des noix. Sans accord salarial unique, les ramasseurs de noix n’entameront pas le travail, et les organisations agricoles et indigènes bloqueront les routes vers la forêt. » La note conclut par le slogan « L’union est la clé d’un meilleur avenir ».  

A la date de 20 décembre 2020, aucun accord n’a encore été conclu. La lutte continue… Solidarité avec les camarades boliviens !