FGTB Horval participe à la création de la COSYBU – FEBUTRA

Le 22 janvier dernier, une délégation FGTB-HORVAL s’est rendue au Burundi.  Cette jeune démocratie d’Afrique de l’est est l’un des pays les plus pauvres du monde.  La situation socio-politique du pays reste précaire et subit de plein fouet les conséquences de la privatisation entamée par le gouvernement, dans les  filières porteuses comme le café ou le thé, sous la pression du FMI. Malgré la présence de nombreuses ONG, on assiste à une dégradation des conditions de vie de la population. Le travail informel y est monnaie courante, ce qui rend l’organisation des travailleurs en syndicat particulièrement difficile.

L’objectif de la mission Horval était de structurer une fédération syndicale qui aurait pour champs de compétence l’Agriculture, l’Agro-alimentaire, l’HORECA et des branches connexes dont notamment les travailleurs domestiques au sein du COSYBU (Confédération des Syndicats du Burundi). Après divers ateliers, échanges et discussions, les partenaires (syndicats du thé, du café, du sucre et d’autres) se sont mis d’accord pour créer  la FEBUTRA (Fédération Burundaise des Travailleurs de l’Agro-alimentaire).  Dans quelques mois, quand le processus de reconnaissance sera administrativement abouti, nous aiderons FEBUTRA à intégrer l’UITA, notre organisation sectorielle internationale.

Le nombre de travailleurs dans le secteur privé a fortement augmenté ces dernières années, notamment dans le secteur agro-alimentaire. Au Burundi, la majorité des syndicats font partie du secteur public ou semi-public. La structuration approximative du secteur privé et la difficulté pour les travailleurs de se faire représenter dans les conseils d’entreprise par des délégués issus des organisations syndicales et non par des délégués « maisons » entrave fortement la concertation sociale.

Nous avons eu l’occasion de visiter une usine de fabrication de jus et de mise en bouteille d’eau minérale. Force est de constater que nos concepts de prévention et de protection au travail sont très éloignés des réalités que vivent au quotidien les travailleurs Burundais. Ils ne reçoivent que peu de formations et travaillent dans des locaux souvent mal éclairés et très peu ventilés. Le règlement de travail est en français uniquement alors que la majorité des salariés ne parlent que le kirundi, le français restant la langue de l’élite parlée par moins de 10% de la population. De plus, cette usine est en périphérie de Bujumbura alors qu’une grande partie des travailleurs viennent des collines.  Beaucoup d’entre eux sont obligés de dormir dans les dortoirs de l’usine et y travaillent parfois 7 jours sur 7, le tout pour un salaire qui ne dépasse pas les 160 euros par mois.

Notre soutien à la création de la FEBUTRA était indispensable pour  permettre au secteur agro-alimentaire de s’organiser en filière, passage obligé vers une représentation par branche de TOUS les travailleurs de la filière quel que soit leur statut.

La naissance de la FEBUTRA amènera la mise en place d’un secrétariat permanent composé de 2 camarades.  Celui-ci sera la cheville ouvrière de la constitution de la fédération et du soutien qu’elle apportera aux délégués et aux travailleurs. Elle permettra aux délégués de renforcer leur représentativité dans le secteur public et d’installer des délégations dans les entreprises privées. Elle rendra possible la mise en place d’axes de communication et de diffusion des informations nécessaires à l’éveil syndical et permettra aussi d’aider les délégués à défendre leurs revendications auprès des autorités et des employeurs.

FGTB HORVAL, en partenariat avec Solidarité Socialiste, ainsi que FEBUTRA, a comme ambition de développer un axe de formation puissant, appelé Université Populaire, et dans lequel un département syndical devrait voir le jour. Cette Université Populaire devrait placer la formation à un très haut niveau.  Elle apporterait, tant aux «cadres» des coopératives, qu’aux mutuelles de santé et aux délégués, les connaissances nécessaires au développement des projets. A terme, elle pourrait permettre l’émergence de leaders du monde paysans et de leaders syndicaux.  Ceux-ci seraient capables d’organiser les différentes filières de productions en structurant et coalisant les travailleurs à toutes les étapes du processus productif. Mais la formation devrait amener les travailleurs à mieux appréhender leur environnement socio-économique par des connaissances techniques liées au comment mieux produire, mieux utiliser les engrais, comment se les procurer…

FGTB-HORVAL veut également intégrer le projet «Droit à la santé» des mutualités socialistes.  Ce projet mène diverses actions pour s’assurer que les populations accèdent à des soins de santé de qualité qui répondent à leurs besoins, via un système d’assurance de santé.

Notre projet comprend un troisième axe, plus économique : il s’agit d’un soutien aux projets coopératifs afin de les aider à améliorer la qualité et la quantité de leur production, ceci dans une logique de renforcement des solidarités collectives. Notre projet vise également à renforcer les coopératives en les inscrivant dans une logique de filière.

La solidarité syndicale internationale n’est pas une question de charité mais une réelle volonté d’être solidaire et de collaborer au développement social.

Renforcer les liens nord–sud, impliquer nos délégués, pour qu’à tous les stades dans le processus de production et de transformation d’un produit on puisse apporter la notion «d’être payé pour son travail à un juste prix» et créer des filières solidaires.

Soutenir les travailleurs du Sud à structurer leurs syndicats en internationalisant le combat est la meilleure formule pour faire face à la mondialisation dévastatrice et la privatisation des biens nationaux.

La délégation FGTB HORVAL au Burundi.