FGTB-Horval élargit sa coopération en Côte d’Ivoire.

Le département de la coopération au développement du gouvernement belge demande aux acteurs de la société civile de déposer leurs projets pour les années 2017-2021. Dans ce cadre, HORVAL, la centrale de l’alimentation horeca et des services de la FGTB et IFSI, l’institut international de la coopération au développement de la FGTB, se sont rendu en Côte d’Ivoire afin de développer un projet pour les 5 ans à venir.

En 2014, FGTB-HORVAL a créé une commission cacao. De cette manière, les militants actifs dans l’industrie du chocolat peuvent échanger leurs expériences. Deux demandes très spécifiques sont ressorties : établir un contact avec les militants du Sud et avoir davantage d’informations sur les projets sociaux que les multinationales développent dans le Sud dans le cadre de « cocoa action ». Au niveau européen, la concertation sociale se fait à travers les conseils d’entreprise européens. Au niveau mondial, rien n’existe. Les militants ne peuvent pas se concerter sauf si les syndicats l’organisent eux-mêmes. Cette impossibilité de se rencontrer joue en faveur des multinationales. FGTB-HORVAL et l’UGTCI ,le syndicat de Côte d’Ivoire, vont travailler à la mise en place de réseaux.

Depuis 2011, FGTB-HORVAL coopère avec le syndicat agricole de la Côte d’Ivoire  – pays producteur de cacao le plus important du monde. La majorité des multinationales actives dans le secteur du cacao (Cargill, Barry Callebaut, Cemoi, Olam, ADM) ont évidemment plusieurs sièges en Côte d’Ivoire. Cargill et Barry Callebaut ont également des sièges en Belgique.

Afin d’obtenir une chaîne de cacao durable, nous avons commencé par travailler avec les cacaoculteurs. Ce sont de petits agriculteurs qui s’organisent d’abord dans des coopératives et s’affilient ensuite au syndicat ou se syndiquent directement auprès du « syndicat des planteurs ». Ce syndicat est affilié au syndicat agricole. Il existe un comité de surveillance pour lutter contre le travail des enfants. Au sein du syndicat agricole, nous avons collaboré avec le SYNA-CNRA, dont le secrétaire général et le camarade Koffi Niangoran.

Pour 2017, nous avons décidé d’étendre le projet à la centrale de l’industrie alimentaire qui représente entre autres les entreprises de l’industrie chocolatière. Elle représente plus de 6000 travailleurs et 100 délégués. Jusqu’à présent, il n’y avait pas de relation entre ces deux centrales ni entre les militants de l’industrie chocolatière. Grâce à HORVAL et IFSI, les deux organisations syndicales ont été réunies dans un atelier de planification.

L’année passée, les autorités ivoiriennes ont fixé le prix de 1 kg de fèves de cacao à 1000 CFA, soit 1,5 €/kg. Ce n’est absolument pas suffisant ! Cela  implique que le système des pisteurs est maintenu. Les pisteurs sont des acheteurs mafieux de fèves de cacao qui passent chez les petits agriculteurs, dans les régions isolées, qui n’ont pas les moyens pour transporter leur produit au marché, faute d’infrastructure. Ainsi, les pisteurs paient un montant qui est encore inférieur au prix fixé du cacao. Les autorités ont fixé ce prix sans avoir impliqué les partenaires sociaux. Le syndicat souhaite être associé à ces discussions et négocier pour porter le prix à 3000 CFA par kilo. Les  grandes multinationales devront payer un prix équitable pour le cacao et les agriculteurs gagneront un salaire digne. Cela diminuera le risque qu’ils fassent appel aux enfants-esclaves du Burkina Faso ou qu’ils fassent travailler leurs propres enfants au lieu de les envoyer à l’école.

A cet effet, un plan d’action stratégique a été développé avec la fédération syndicale UGTCI et son département qui s’occupe de la lutte contre le travail des enfants, le syndicat agricole (avec SYNA-CNRA et les cacaoculteurs) et le syndicat alimentaire (avec les délégués de Barry Callebaut et Cargill, qui, jusqu’à présent, n’avaient pas de contacts avec leurs collègues-militants de l’Europe).

Afin d’élaborer un projet durable, nous avons commencé par repérer les atouts, les faiblesses, les opportunités et les menaces.

Nous catégorisons tout dans un arbre de problèmes. Pour la centrale agricole, la liste de problèmes est immense. Nous citons quelques exemples : les pires formes du travail des enfants, l’analphabétisme, un prix faible pour les fèves de cacao, trop peu de terre pour cultiver du cacao, l’accessibilité difficile aux régions lointaines, pas de sécurité sociale, trop peu de formation, …

Pour la centrale de l’industrie alimentaire, les problèmes sont connus : une mauvaise sécurité sociale, pas de libertés syndicales, pas d’accès aux moyens de communication, des salaires trop bas pour couvrir le coût de la vie, pas de barèmes salariaux, pas de dialogue social au niveau sectoriel,…

De plus, nous avons déterminé nos axes de travaux principaux : la formation sur les conditions de travail, la création d’une coordination syndicale dans le but de conclure pour la première fois des accords sectoriels avec les employeurs,… Dans le secteur de l’agriculture, un travail important de sensibilisation sera effectué, y compris dans les régions les plus éloignées. Pour ce faire, il est prévu, entre autres, de diffuser des spots publicitaires sur les ondes locales. La sensibilisation se fera également au travers des t-shirts et en imprimant des banderoles. Le troisième axe sera consacré aux femmes.

Au travers des missions, une coopération durable a été construite avec l’UGTCI, notre partenaire du Sud. Pour la FGTB-HORVAL, la solidarité est une valeur syndicale primordiale.

Silvie Mariën

Projets internationaux