AB InBev Colombie : un plan de destruction systématique

John Arley Obregón, président de l'USTIAM (Union des travailleurs de la bière, des boissons, de l'alimentation, du malt et des industries connexes), partenaire de la FGTB Horval et Solsoc, nous informe sur les difficultés que l'organisation syndicale rencontre avec la direction colombienne du géant de la bière AB InBev à Bavaria.

Que se passe-t-il chez AB InBev Colombie ?

L'entreprise procède systématiquement à des licenciements de travailleurs, tant sous la forme de licenciements sans motif valable que de retraits "volontaires" qui ne sont pas du tout volontaires: elle fait pression sur les travailleurs pour qu'ils démissionnent. Ainsi, le syndicat est décimé parce que plusieurs des travailleurs licenciés font partie de l'organisation. De plus, la direction ne reconnaît pas l'USTIAM : elle s'adresse directement aux travailleurs sans passer par nous.

Quelles mesures avez-vous prises face à cette situation ?

Les syndicats ont contacté le président d'AB InBev en Colombie en avril pour discuter des questions en suspens, y compris la pandémie, mais à ce jour, nous n'avons pas été entendus. Il nous a envoyé des représentants des ressources humaines et du service juridique avec lesquels nous n'avons pas pu engager un dialogue constructif et sérieux.

Ils tardent à trouver une solution aux problèmes que nous, les travailleurs, rencontrons. A ce stade, la situation est préoccupante ; nous supposons qu’il s’agit d’une persécution syndicale puisqu'ils ont licencié sans motif valable du personnel syndiqué. Il s’agit d’une attaque parmi tant d’autres dont notre organisation est victime.

Depuis combien de temps cette situation dure-t-elle et combien de travailleurs ont été licenciés ?

Depuis 2016. Cette année, il y a eu plus de 40 licenciements, la plupart d’entre eux étaient des membres de l’organisation syndicale. C'est une des façons d'attaquer le syndicat. La direction colombienne de la transnationale tente également de discréditer l'USTIAM en utilisant une méthode très incompréhensible : dans les réunions, elle accepte de répondre favorablement à une certaine question qui concerne les travailleurs et ensuite elle ne le fait pas, nous faisant passer pour des menteurs devant la base et générant la peur au sein du reste du personnel.

Cela a toujours été le cas ?

Bavaria n'a jamais été facile, mais depuis que AB InBev a débarqué, la pression sur les travailleurs et le syndicat a augmenté. C'est en cette année 2020 que la situation s'est compliquée.

L'année dernière, lors du processus de négociation collective, les travailleurs ont voté la grève. Un accord a immédiatement été signé et une clause a été approuvée dans l'acte extraconventionnel qui garantissait qu'il n'y aurait pas de représailles contre ceux qui avaient participé au vote. Cela n'a pas été fait. Ils licencient cette année le personnel syndiqué. Nous appelons à un dialogue sérieux et respectueux.

Avez-vous déposé une plainte auprès de l'autorité du travail ?

Entre janvier et février, nous avons averti le ministère du travail par courrier au sujet de cette clause et nous n'avons pas encore reçu de réponse. Ce que nous demandons, c'est qu'AB InBev ouvre un espace de dialogue sérieux et respectueux et arrête d'adopter la position intransigeante qu'elle a aujourd'hui. D'autre part, nous exigeons que les travailleurs licenciés soient réintégrés, car il s'agit de personnes qui ont travaillé de nombreuses années dans l'entreprise et dont le dossier est impeccable ; ils n'ont pas eu un seul avertissement.

Ces licenciements sans motif valable par AB InBev ne sont pas imposés massivement. Tous les deux mois, deux ou trois travailleurs syndiqués sont licenciés, ce qui affaiblit l'organisation syndicale. Nous demandons donc à la société mère d'intervenir et d'apporter une solution à ce problème.