Le commencement de la fin en Colombie

Les protestations sociales en Colombie forcent la réforme fiscale et la démission du Ministre des Finances.

Depuis quelques jours, une foulée de Colombiens descendent dans les rues pour attaquer la réforme fiscale du président colombien Iván Duque et son gouvernement. Bien que les protestations sociales aient forcé l’annulation de la réforme fiscale et la démission du Ministre des Finances Alberto Carrasquilla, les manifestants sont toujours combattus par les services d’ordre.

Suicide politique

La réforme fiscale, que le président colombien Iván Duque et son Ministre des Finances Alberto Carrasquilla ont voulu réaliser, était la goutte d’eau qui a fait déborder le vase en Colombie. Dans un pays où actuellement 42% de la population vit en pauvreté, plus de 2 millions d’emplois ont été perdus depuis la pandémie. Les travailleurs ont été confrontés à une dégradation de leurs conditions de travail et de vie. L’imposition des pensions, l’augmentation de la TVA sur les produits de base, les services publics et l’essence et l’élargissement des péages équivalent à un suicide politique.

Violation du droit à la protestation sociale

Le Comité national de la Grève, qui a lancé en novembre 2019 les protestations sociales en Colombie, a appelé la population à dénoncer à nouveau la politique de Duque, en date du 28 avril. Cette fois-ci, il a été donné suite à l’appel en masse, non pas pour un jour mais pour une durée indéterminée. Partout dans le pays, les rues ont été inondées par des manifestants indignés. Et, ils sont venus pour y rester.

La réponse du gouvernement s’est produite assez rapidement, sous la forme d’une répression brutale. La police a traité criminellement les manifestants et a fait appel à une violence excessive. Des manifestants ont été abusé sexuellement, ont disparu, ont été blessés ou assassinés. Parmi les victimes, il se trouve aussi des mineurs. Le samedi soir 1er mai, le président a ordonné la militarisation des villes, à la demande de son conseiller, ancien président Álvaro Uribe, qui avait appelé en public la police et l’armée à recourir aux armes contre les manifestants. De ce fait, le droit constitutionnel de protestation sociale a été gravement bafoué.

Des revendications raisonnables, n’est-ce pas?

Pourtant, les manifestants ont pu forcer l’annulation de la réforme fiscale et la démission du Ministre des Finances. Or, ils poursuivent leur combat. Les banderoles reprennent : « Ils veulent nous tirer dans les yeux, car ils savent que nous les avons ouverts. »

Les manifestants ont plusieurs revendications. Ils demandent la démilitarisation des villes, l’arrêt des massacres et la punition des responsables. Ils veulent l’annulation de la réforme néfaste prévue du système des soins de santé. Ils revendiquent un revenu de base d’un salaire minimum légal, des subventions pour les petites et moyennes entreprises et un travail décent. Ils veulent une politique qui défend la souveraineté et la sécurité alimentaires. Finalement, ils veulent être vaccinés. Des revendications raisonnables, n’est-ce pas ? Le peuple colombien a besoin de tout notre soutien et de notre solidarité.

 

Auteur: Jo Vervecken