Industrie alimentaire cubaine : l’entreprise publique PRODAL

“PRODAL donne du goût”, voici le slogan de la principale entreprise alimentaire cubaine qui produit des hamburgers, des saucissons et des croquettes de viande et de poisson. L’entreprise, qui appartient à l’Etat, occupe 2.000 travailleurs, dont 40% de femmes. Le syndicat y est fortement représenté, tout comme dans la plupart des entreprises publiques. PRODAL dépend fortement de l’importation de poulet et de porc, puisque la production nationale ne suffit pas.

Bien évidemment, l’entreprise est confrontée de plein fouet au blocus économique des Etats-Unis. L’entreprise avait un contrat avec le Japon pour la livraison de crevettes roses. Il y a quelques années, le contrat a été résilié car la banque Mitsubichi avait refusé d’effectuer des paiements à Cuba. Un autre exemple : pour l’importation de produits alimentaires, les Etats-Unis font une exception au blocus, mais uniquement à la condition stricte que la facture soit payée à l’avance et au comptant. Cela met une grande pression financière sur l’entreprise qui vend ses produits exclusivement sur le marché national. Elle fait des achats en devises fortes et vend à des pesos nationaux faibles dans un contexte d'inflation croissante. Pourtant, la demande de produits PRODAL est forte, mais l’argent empêche d’acheter les quantités nécessaires.

Comme c’est le cas pour toute autre entreprise, PRODAL doit maintenir son parc machines. Mais pour là aussi, le blocus a un impact. Les pièces ne peuvent pas être achetées aux Etats-Unis, qui pourtant se trouvent à peine à 145 km de Cuba. En 2016, une des quatre lignes de production avait un besoin urgent de modernisation. Or, les pièces de rechange nécessaires devaient être fournies de beaucoup plus loin et à un coût supplémentaire énorme. De ce fait, PRODAL n’a pas pu satisfaire à la demande.

Cuba s’est habitué à faire face au blocus depuis 60 ans. La mission de l’Association nationale d’Inventions d’économie (Asociación Nacional de Inovadores y Racionalizadores - ANIR) consiste exactement à trouver des solutions à tous les problèmes techniques potentiels dans les entreprises, et ce avec le peu de matériel disponible. Récemment, deux des quatre lignes de production de PRODAL étaient en panne. Grâce à la créativité d’ANIR, la troisième ligne a pu de nouveau être opérationnelle. La quatrième ligne devrait également bientôt suivre.

Le blocus et la pandémie ont eu des conséquences importantes pour la production en 2021, qui est retombée à 70% de la capacité prévue pour les produits à base de viande. Le pays dépend trop fortement de l’importation, et consentit de grands efforts pour renforcer la production nationale. De plus, depuis peu, les entreprises publiques ont également la possibilité de coopérer avec les entreprises privées et les agriculteurs. Voilà pourquoi PRODAL a également conclu des contrats avec des producteurs indépendants et des coopératives agricoles pour l’achat de viande de porc. Maintenant que les entreprises privées sont officiellement reconnues dans le pays, PRODAL fait appel à elles pour l’entretien des chambres froides et du système informatique de l’entreprise.

L’alimentation est un sujet très sensible à Cuba. Le gouvernement cubain a tout essayé pour pourvoir la population d’un paquet de base de légumes, fruits, haricots et viande via la « libreta ». Bien que le but soit de supprimer la libreta à terme, la pénurie actuelle a forcé le gouvernement à maintenir l’utilisation de ce système.