Manifestation dans les rue de Cuba : la vraie cause est le blocus des États-Unis

Le 11 juillet, des groupes de personnes se sont rassemblés en divers endroits du pays pour « protester contre la dictature » à Cuba. C'était notamment le cas à San Antonio de los Baños, une ville située à 30 km de La Havane. Le président Diaz Canel s'y est rendu pour s'entretenir avec les habitants (photo) et, dans une allocution télévisée, a appelé les Cubains à descendre, eux aussi, dans la rue pour montrer qu'ils soutiennent leur révolution. Et les Cubains l’ont fait en masse. Mais que se passe-t-il exactement ?

Crise économique et pandémie

Cuba traverse une crise économique majeure due aux effets combinés du blocus américain imposé à l’île depuis 60 ans et de la pandémie de Covid-19. Le blocus a encore été fortement renforcé sous la présidence de Trump. Ce dernier avait pris 53 mesures contre Cuba, et, jusqu’à présent, aucune n’a été levée par Joe Biden. Les investisseurs étrangers sont aujourd'hui plus que jamais dissuadés de faire affaire avec Cuba, de crainte d'être sanctionnés par des poursuites et de s’enliser dans des batailles judiciaires nord-américaines. Or, Cuba a justement désespérément besoin de devises fortes (dollars, euros).

À cause du Covid, le tourisme - l'un des secteurs économiques majeurs de l’île - est pratiquement à l'arrêt depuis près de 18 mois. Peu de temps auparavant, sur ordre de Trump, le président brésilien Bolsonaro et le précédent président équatorien Lenin Moreno ont en outre expulsé tous les médecins cubains de leur pays. En faisant rompre ces contrats, Washington veut couper les Cubains d'une importante source de revenus. L'économie cubaine s'est contractée de 11 % l'année dernière.

À Cuba, l'approvisionnement de presque tout devient de plus en plus difficile. Les gens doivent faire la queue de plus en plus longtemps pour obtenir des produits de première nécessité et des denrées alimentaires, et beaucoup ne sont tout simplement pas disponibles. Dans le même temps, le pays connaît une recrudescence de la pandémie de Covid-19, de sorte que les taux d'infection et de décès approchent désormais ceux de la Belgique en avril. Samedi, par exemple, on a enregistré 6 900 nouvelles infections, un record, ainsi que 47 décès, et les chiffres continuent d'augmenter pour l'instant. Pendant toute la pandémie, il n'y a eu « que » 1 500 décès à Cuba. En comparaison avec les 25 000 morts du Covid que compte notre pays, c'est une différence énorme bien sûr, mais le gouvernement cubain fait tout son possible pour sauver des vies. Alors que chez nous, ces milliers et milliers de morts ne sont pas assez visibilisés, aux yeux de tous les Cubains, renoncer à une vie humaine est chaque fois une lutte difficile. L'approvisionnement en médicaments et en équipements médicaux nécessaires est aussi gravement entravé par le manque de devises et le blocus criminel.

Le gouvernement cubain continue de faire tout ce qui est en son pouvoir pour résoudre les problèmes, et diverses initiatives de solidarité se développent au sein de la population, comme la mise à disposition de voitures pour aider au réapprovisionnement.
Gardons bien cela à l’esprit. Les gouvernements étasuniens successifs ont imposé à Cuba les sanctions et le blocus commercial les plus longs de l'histoire de l'humanité. Cette décision a été prise délibérément, dans le seul but sadique de provoquer une pénurie d’aliments, de carburant, de médicaments et de tout le reste à Cuba.

Une recette éprouvée

Les États-Unis profitent de la situation précaire qu'ils ont eux-mêmes délibérément créée pour appeler à des protestations. Pour cela, ils font également appel à des opposants rémunérés*. Car contrairement à ce qui est écrit dans les médias occidentaux, le mouvement de protestation du 11 juillet ne s'est pas déclenché spontanément. Il a été soigneusement préparé par le biais des médias sociaux. Une crise sanitaire dans la province de Matanzas, où le grand nombre d'infections et d'hospitalisations a mis le système de santé à rude épreuve, a déclenché une chaîne de réactions. Les hashtags #SOSMatanzas #SOSCuba sont devenus tendances sur les médias sociaux, la demande d'aide humanitaire se transformant rapidement en appels à la création d’un corridor humanitaire et même à une intervention humanitaire.

Les forces contre-révolutionnaires tentent de transformer la situation de crise objective économique et maintenant sanitaire en une crise politique, contre le gouvernement Diaz Canel. #SOSCuba est rapidement devenu tendance parmi les contras de Miami également, et le soutien d'artistes de Cuba-Miami (comme Orishas, etc.) ayant une grande portée sur les médias sociaux a suivi massivement.

Comme si le gouvernement cubain coupait l’accès à l'aide à certaines parties de la population, à l’instar d’une guerre civile. Les pénuries dont souffre la population ne sont que le résultat du blocus qui dure depuis 60 ans et qui a été condamné à l'unanimité à l'ONU pas plus tard que le mois dernier! La terminologie d'« intervention humanitaire » a très souvent précédé les nombreuses attaques impérialistes des États-Unis partout dans le Sud. Il s’agit d’une menace à peine voilée, en réalité.

Le gouvernement cubain communique ouvertement et montre aussi ce qu'il en est réellement

Les médias cubains ont rendu compte des manifestations, et le président Miguel Diaz Canel a prononcé un discours télévisé détaillé, dans lequel il a exhorté les Cubains à défendre leur révolution dans la rue. Cet appel a été entendu et suivi en masse. Contrairement à ce que nous voyons habituellement dans d'autres pays (Colombie, Pérou, Chili...), à Cuba, il n'y a pas de violence (policière) contre les manifestants, mais les personnes qui défendent la révolution - c’est-à-dire la grande majorité des Cubains - montrent clairement qu'elles ne laisseront pas les rues aux contre-révolutionnaires : « La rue est à Fidel » et « Cuba oui ! Yankees Non ! » étaient les slogans les plus entendus.

Dans son allocution télévisée, le président a fait une distinction claire entre les différents groupes de manifestants mécontents : il y a d'une part, des gens qui connaissent de grandes difficultés économiques et sont donc enclins à canaliser leurs frustrations de cette manière, mais aussi, d'autre part, des forces contre-révolutionnaires qui dirigent cette protestation. Un dialogue constant avec la population est nécessaire pour expliquer pourquoi la situation est difficile, mais on ne cédera pas à ceux qui veulent vendre le pays aux États-Unis.

La Coordination pour la levée du blocus contre Cuba condamne fermement ces manœuvres visant à transformer une crise économique et sociale à Cuba en une crise politique en vue d'un changement de « régime ».  Le blocus est la cause la plus importante de la pénurie économique et sociale sur l’île cubain.

En solidarité avec Cuba nous appuyons la manifestation du jeudi 15 juillet, 17.30 heures, à la Gare Centrale de Bruxelles