Burundi

Le Burundi est une jeune démocratie d’Afrique de l’est, c’est l’un des pays les plus pauvres du monde.  La situation socio-politique du pays reste précaire : il subit de plein fouet les conséquences de la privatisation entamée par le gouvernement dans les  filières porteuses comme le café ou le thé sous la pression du FMI. Malgré la présence de nombreuses ONG, on assiste à une dégradation des conditions de vie de la population. Le travail informel y est monnaie courante.
2011, HORVAL s’est inscrit dans un projet au Burundi concernant la filière café. Le contexte : le FMI avait imposé au Burundi de privatiser sa filière CAFE.  Le projet visait à ce que les caféiculteur se réapproprient leur outil de production. Pour se faire, HORVAL a rejoint l’ONG SOLSOC qui menait une politique de renforcement des caféiculteurs mais qui faisait aussi le lien avec un axe mutuelliste ; il s’agissait de renforcer un réseau de 25 mutuelles de santé qui avait pour but d’offrir aux cultivateurs de café l’accès aux soins de santé et de se profiler auprès du gouvernement comme interlocuteur en matière de protection sociale. Seize mutuelles ont été mises en place en 2008-2009 ; elles regroupent les soins pour plus de 60.000 personnes.

2013-2017 : les contacts qui avaient été pris dans le programme précédent ont confirmé l’analyse que si l’on voulait effectivement avoir un impact réel sur l’économie du pays, le programme précédent était incomplet car il manquait l’acteur central, une organisation syndicale puissante qui pourrait fédérer les travailleurs des différentes filières de l’agro-alimentaire.

Fort de ce constat partagé par plusieurs syndicats de la COSYBU, nous avons décidé de réorienter le projet au BURUNDI. Nous avons travaillé avec nos collègues burundais pour construire un projet basé sur 4 axes :

Participer activement à la structuration d’une fédération syndicale qui aurait pour champs de compétence l’Agriculture, l’Agro-alimentaire, l’HORECA et des branches connexes dont notamment les travailleurs domestiques au sein du COSYBU (Confédération des Syndicats du Burundi).  Après divers ateliers, échanges et discussions, les partenaires (syndicats du thé, du café, du sucre et d’autres) se sont mis d’accord pour créer  la FEBUTRA (Fédération Burundaise des Travailleurs de l’Agro-alimentaire).  Aujourd’hui, le processus de reconnaissance de la FEBUTRA est réalisé. La fédération est reconnue. Nous pouvons maintenant travailler pour que FEBUTRA intègre l’UITA, notre organisation sectorielle internationale. Notre soutien à la création de la FEBUTRA était indispensable pour  permettre au secteur agro-alimentaire de s’organiser en filière, passage obligé vers une représentation par branche de TOUS les travailleurs de la filière quel que soit leur statut. La naissance de la FEBUTRA amènera la mise en place d’un secrétariat permanent composé de 2 camarades.  Celui-ci sera la cheville ouvrière de la constitution de la fédération et du soutien qu’elle apportera aux délégués et aux travailleurs.    Elle permettra aux délégués de renforcer leur représentativité dans le secteur public et d’installer des délégations dans les entreprises privées. Elle rendra possible la mise en place d’axes de communication et de diffusion des informations nécessaires à l’éveil syndical et permettra aussi d’aider les délégués à défendre leurs revendications auprès des autorités et des employeurs.

FGTB HORVAL, en partenariat avec Solidarité Socialiste, et FEBUTRA, a comme ambition de développer un axe de formation puissant, appelé Université Populaire, et dans lequel un département syndical devrait voir le jour. Cette Université Populaire devrait placer la formation à un très haut niveau.  Elle apporterait, tant aux «cadres» des coopératives, qu’aux mutuelles de santé et aux délégués, les connaissances nécessaires au développement des projets. A terme, elle pourrait permettre l’émergence de leaders du monde paysan et de leaders syndicaux.  Ceux-ci seraient capables d’organiser les différentes filières de productions en structurant et coalisant les travailleurs à toutes les étapes du processus productif. Mais la formation devrait amener les travailleurs à mieux appréhender leur environnement socio-économique par des connaissances techniques liées au comment mieux produire, mieux utiliser les engrais, comment se les procurer…

FGTB-HORVAL veut également intégrer dans le projet «le Droit à la santé» des mutualités socialistes.  Ce projet mène diverses actions pour s’assurer que les populations accèdent à des soins de santé de qualité qui répondent à leurs besoins, via un système d’assurance de santé.

Notre projet comprend un quatrième axe, plus économique : il s’agit d’un soutien aux projets coopératifs afin de les aider à améliorer la qualité et la quantité de leur production, ceci dans une logique de renforcement des solidarités collectives. Notre projet vise également à renforcer les coopératives en les inscrivant dans une logique de filière.

La solidarité syndicale internationale n’est pas une question de charité mais une réelle volonté d’être solidaire et de collaborer au développement social.
Renforcer les liens nord–sud, impliquer nos délégués, pour qu’à tous les stades dans le processus de production et de transformation d’un produit on puisse apporter la notion «d’être payé pour son travail à un juste prix» et créer des filières solidaires.
Soutenir les travailleurs du Sud à structurer leurs syndicats en internationalisant le combat est la meilleure formule pour faire face à la mondialisation dévastatrice et la privatisation des biens nationaux.