El Salvador

La guerre civile des années ’80 entre le mouvement de résistance de gauche FMLN (Frente Farabundo Marti para la Liberacion Nacional) et le gouvernement autoritaire de droite, a laissé le pays dans un état de déchirement. Bien que le FMLN ait continué à jouer un rôle important au niveau politique après les accords de paix de 1992, la guerre froide a persisté au Salvador exacerbé par le soutien des Etats-Unis aux partis de droite. Les effets de 20 années de gouvernements néolibéraux successifs apparaissent de manière très visible: sous l’influence des privatisations et de l’alliance effective entre le gouvernement et le grand capital, le mouvement syndical s’est éclaté et affaibli.

Lors de l’entrée en fonctions du gouvernement FMLN en 2009, très peu de CCT d’entreprise étaient encore conclues  au sein du secteur privé de ce pays et la plupart des organisations syndicales pouvaient uniquement survivre dans la clandestinité.

Après la reprise du pouvoir par le FMLN et grâce au soutien du Ministère du Travail, le climat à l’égard du mouvement syndical est devenu moins répressif. Des démarches importantes ont été franchies pour réorganiser les structures de concertation tripartites nationales en faveur des intérêts syndicaux, bien que cela ait mené à une forte contre-campagne politique de la part des employeurs.

Notre soutien à la plateforme syndicale du secteur sucrier FESITRAINZUCADES

Le secteur sucrier est un des secteurs les plus importants au sein de l’économie du Salvador, il concerne environ 50.000 emplois directs et 187.000 emplois indirects. La période gouvernementale néolibérale a touché de manière importante à cette industrie qui  connaît une forte tradition syndicale. En 2009, seule 1 usine sucrière sur 6 avait encore un syndicat qui était en capacité de conclure des CCT. Avec le soutien de notre projet et la collaboration sur le terrain de FOS (L’ONG socialiste avec laquelle nous collaborons), ce syndicat unique (STEIA) a entamé un processus d’organisation, que l’on peut qualifier de fructueux. Entre-temps, de nouveaux syndicats ont été créés et des CCT ont été négociées dans 3 autres sucreries (JIBOA, LA MAGDALENA et LA CABANA).

Dans les usines MAGDALENA et La CABANA, le syndicat n’a été reconnu qu’après des actions de grèves, mais cette lutte a entre-temps porté ses fruits. Ainsi, les pratiques de sous-traitance dans les usines ont diminué et les salaires ont augmenté considérablement. La Plateforme de Coordination des Syndicats Sucriers au Salvador (FESINTRAINZUCADES) s’est renforcée.

Après la formation des syndicats dans les usines, cette plateforme se concentre dorénavant sur l’organisation syndicale des 25.000 coupeurs de canne, qui travaillent tous les jours très dur, sous un soleil brûlant, sans vêtements de protection et pour des salaires très faibles (environ 6 euros par jour). Un grand problème qui se pose au niveau de leur organisation c’est que ces coupeurs de canne doivent travailler d’une manière dispersée dans les 82.000 hectares de plantations, qui sont la propriété de 2500 différents producteurs de canne. Pourtant, des avancées ont été obtenues et en 2016 le syndicat SITRACAÑA a été créé; 700 coupeurs de canne s’'y sont affiliés.

Avec le soutien de HORVAL FESINTRAINZUCADES s’attèlera entre autres à l’élargissement syndical dans les sucreries, à l’organisation des coupeurs de canne ainsi qu’à la négociation d’un accord améliorant les droits de travail.

Le renforcement des alliances avec d’autres syndicats du secteur alimentaire de la région est un objectif majeur pour les prochaines années.