Les aides familiales reçues au Parlement wallon: focus sur un enjeu de société

Depuis la Déclaration de Politique Régionale de 2014 du Gouvernement wallon et l’annonce de la création d’une assurance autonomie en Wallonie, le secteur de l’aide à domicile est sous le feu des projecteurs et suscite l’intérêt. L’objectif de l’assurance autonomie à la sauce wallonne est d’accompagner la dépendance qu’elle soit due à l’âge, au handicap ou à la maladie. Cette assurance donnera droit, moyennant le paiement d’une cotisation obligatoire, à des services à domicile agréés et de qualité tels que des services d’aides et de maintien à domicile, des gardes à domicile ainsi que des aménagements de l’habitation. Comme l’octroi de cette assurance devra être conditionné à l’utilisation de services existants plutôt que l’attribution d’une intervention financière à usage libre(comme cela se fait en Flandre avec la «zorgverzekering»), la future assurance autonomie constituera donc un tournant important pour le secteur de l’aide à domicile. On assistera à un développement important de l’offre de services (aides familiales, aides ménagères sociales, gardes à domicile).

Cependant, il convient avant la mise en route concrète de cadrer correctement le dispositif afin qu’il soit efficient tant pour les bénéficiaires que pour les travailleurs du secteur. La FGTB HORVAL a été associée dès le départ aux premières phases de discussions au Cabinet du Ministre Prévot en charge de l’Action sociale et de la mise en place de l’assurance autonomie. La FGTB HORVAL suit le dossier de très près et est vigilante sur tous les aspects de la mise en oeuvre. Certains Parlementaires wallons ont également vite compris que le déploiement de l’assurance autonomie en Wallonie était l’opportunité de revaloriser les métiers du secteur de l’aide à  domicile. Les Députés du groupe socialiste au Parlement wallon, Véronique Bonni et Edmund Stoffels ont donc décidé de déposer une proposition de résolution «visant à mieux valoriser les métiers du secteur de l’aide
à domicile, notamment celui de l’aide familiale, dans le cadre de l’assurance autonomie ». Dans la phase de rédaction de leur proposition, ils avaient déjà eu l’occasion de rencontrer des déléguées FGTB HORVAL de la Régionale de Verviers. La FGTB HORVAL a donc pu collaborer dès le départ avec les Parlementaires porteurs de cette proposition de résolution. La date du 1er février avait été choisie pour organiser une rencontre/débat au sein même du Parlement wallon à Namur entre une délégation d’une vingtaine de déléguées FGTB HORVAL aides familiales et aides ménagères sociales, de permanents responsables du secteur, du service d’études de notre Centrale ainsi que de Tangui Cornu, Co-Président de la FGTB HORVAL et les Parlementaires Bonni et Stoffels.

Lors de cette journée, les déléguées ont pu exprimer leurs vécus, leurs attentes et leurs inquiétudes librement. Les Parlementaires ont été très attentifs et ont rappelé qu’ils demandaient au Gouvernement wallon par le biais de leur proposition de résolution:
- de négocier un accord-cadre avec les partenaires sociaux du secteur de l’aide à domicile, afin de revaloriser, entre autres, le travail del’aide familiale;
- de revoir le contingent des heures de prestation accordées aux services d’aide à domicile afin d’assurer aux travailleurs un temps de prestation plus étendu auprès des bénéficiaires.

En effet, il faut savoir que depuis 5 ans le contingent d’heures n’a plus été augmenté. Cela signifie donc concrètement que les listes d’attente s’allongent et que le temps des prestations auprès des bénéficiaires doit être réduit au détriment de l’aspect relationnel si important dans les métiers de l’aide à domicile.
Si les contingents ne sont pas revus à la hausse de manière progressive dans le cadre d’une phase transitoire de rattrapage, lorsque l’assurance autonomie démarrera officiellement, les services ne sauront pas répondre à la demande. Le beau projet ambitieux de ce Gouvernement perdra donc son intérêt et ce sont les travailleurs du secteur qui seront, une de fois de plus, mis sous pression.

Les citoyens wallons en situation de dépendance et demandeurs d’aide à domicile risquent de se tourner vers des alternatives privées non-réglementées et nonagréées. Personne ne sortirait gagnant de ce scénario catastrophe: ni la population, ni les services d’aide à domicile, ni le Gouvernement wallon qui perdrait toute crédibilité.

Il est urgent que le secteur de l’aide à domicile soit financé de manière correcte. La FGTB HORVAL le réclame depuis longtemps ainsi que l’ensemble des interlocuteurs sociaux du secteur et maintenant les Parlementaires wallons de la majorité gouvernementale en sont convaincus. Le Ministre Prévot ne pourra plus continuer à faire la sourde oreille.
Nous sommes, dans ce dossier, bien au-delà, de «simples » revendications sectorielles, il s’agit ici de savoir le type de société que nous voulons demain. Une société qui marchandise les services à la personne et qui s’oriente vers une dérégulation dangereuse ou une société qui fait du service à la personne et du maintien à domicile dans le cadre du vieillissement de la population, une priorité noble du non-marchand?
Le déploiement de l’assurance autonomie prend du retard. Après des reports successifs, le Gouvernement n’ose plus s’avancer sur des dates mais promet une mise en oeuvre avant la fi n de la législature
(2019). Il est donc encore temps de répondre aux inquiétudes du secteur en le refinançant et en revalorisant les métiers de l’aide à domicile.

La proposition de résolution déposée par les Députés devrait être mise à l’ordre du jour de la Commission de l’Action sociale et d’une séance plénière du Parlement wallon à la mi-mars. Le Ministre
Prévot devra donc répondre aux interpellations. Comme l’a rappelé la FGTB HORVAL lors de cette réunion au Parlement wallon, nous sommes actuellement dans une période de négociations dans le secteur non-marchand. La balle est dans le camp du Gouvernement wallon. Il conviendra donc de ne pas décevoir.