Travail de nuit : la prudence est de mise !
Après les pensionnés, les demandeurs d’emploi, les femmes et les malades de longue durée (pour ne citer qu’eux), l’Arizona a trouvé sa nouvelle cible : les travailleurs de nuit ! Un sujet qui a beaucoup fait parler de lui cet été.
Actuellement, le travail de nuit est interdit par la loi, il n’est en fait autorisé que dans certains cas bien précis. Le travail de nuit donne droit aujourd’hui à des primes de nuit au bénéfice des travailleurs. Un nouvel avantage que l’Arizona compte bien attaquer…
Le ministre de l’Emploi David Clarinval (MR) a annoncé cet été la volonté du gouvernement fédéral de purement et simplement supprimer l’interdiction du travail de nuit, mais aussi de réduire la plage horaire ouvrant droit à des primes de nuit pour les nouveaux travailleurs. Fini la plage actuelle de 20h-6h (variable selon le secteur – pour la CP 119, c’est 22h-6h), le travail de nuit donnant droit à des primes selon l’Arizona couvrirait désormais la période réduite de minuit à 5h ! Ce faisant, le gouvernement s’ingère dans la concertation sociale et bloque toute amélioration pour les futurs travailleurs : une fois validée, cette nouvelle définition du travail de nuit ne pourra plus faire l’objet de modification, que ce soit par CCT, par accord individuel ou par règlement de travail).
Il s’agit évidemment d’une énorme perte de pouvoir d’achat pour les travailleurs touchés par cette mesure. Pour l’instant, seule une poignée de commissions paritaires du secteur de la distribution seraient concernées par cette dégradation des droits. La CP 119, régulièrement citée, semble finalement être épargnée (au moment où nous rédigeons ces lignes). Cependant, le gouvernement laisse entendre qu’il n’exclut pas d’étendre cette réforme et la généraliser à d’autres secteurs à l’avenir. Il ne faudrait donc pas crier victoire trop vite, la prudence reste de mise. Nous ne connaissons que trop bien la manière de fonctionner de l’Arizona.
Si la CP 119 venait à être concernée, cela signifierait concrètement que les nouveaux travailleurs du secteur ne toucheraient plus de primes de nuit entre 22h et minuit, et entre 5h et 6h. Résultat : une perte de salaire inévitable, estimée à environ 200 € par mois pour un travailleur du commerce alimentaire de catégorie 1. C’est inacceptable !
Cette mesure va inévitablement aussi diviser les travailleurs et créer de la concurrence entre eux. Les nouveaux, concernés par la réforme, seront favorisés par le patron car il n’aura pas à leur payer la prime de nuit entre 22h – minuit et 5h – 6h. Les « anciens » risquent ainsi d’être mis de côté, voire licenciés car ils coûteraient plus cher que leurs collègues. Telle est toujours la manière de fonctionner de l’Arizona : diviser pour mieux régner.
Il convient aussi de parler des effets néfastes du travail de nuit sur la vie des travailleurs. Les études le prouvent encore aujourd’hui, le travail de nuit a des effets négatifs sur la vie sociale, sur la vie familiale et surtout sur la santé (risques accrus de cancer, problème cardiovasculaire, trouble du sommeil, etc.). L’ouvrir à tous les secteurs, sans exception, est une politique dangereuse. Sans compter qu’une partie importante du précompte professionnel des salaires des travailleurs en équipes et de nuit est conservée par les employeurs. Une aide aux entreprises qui se chiffre en milliards et qui fragilise grandement la sécurité sociale…
La FGTB Horval s’oppose fermement aux mesures qui favoriseraient davantage le travail de nuit. Le travail de nuit est - et doit rester - une exception uniquement lorsque la nature de l’activité le justifie. Lorsque c’est le cas, nous refusons toute perte de pouvoir d’achat pour les travailleurs, surtout lorsque les mesures ne profitent qu’aux entreprises. Nous exigeons que la plage horaire (22h-6h) donnant droit à des primes de nuit en CP 119 ne soit pas restreinte davantage.
Nous demandons également la mise en place de mesures préventives dans les entreprises qui instaurent le travail de nuit et réclamons une analyse des risques spécifique pour les travailleurs en fin de carrière.
Le 14 octobre prochain, soyons tous présents à la manifestation nationale à Bruxelles pour faire entendre ces revendications !