AB InBev : Le combat déterminé des camarades contre le géant de la bière

Treize jours de grève, treize jours de lutte acharnée menée par la seule FGTB Horval, suite à la découverte d’un cluster de coronavirus qui a touché pas moins de onze travailleurs au sein de l’usine de Jupille. Les intimidations et attaques, tant de la part des verts que de la direction n’ont pas fait plier nos camarades, pour qui la priorité est avant tout la santé et la sécurité des travailleurs. Reconstitution d’un combat qui a porté ses fruits… rouges !

Jeudi 3 septembre. Les travailleurs se mettent en grève pour protester contre le manque de réactivité de la part de la directrice des ressources humaines et du conseiller en prévention suite à un foyer de contamination au coronavirus dans le département logistique, malgré les demandes pressantes des représentants des travailleurs. La direction n’a pas effectué de tracing. Elle a laissé les personnes qui ont été en contact avec les cas positifs travailler et a fait la démonstration, qu’à ses yeux,  le capital prime sur la sécurité des travailleurs. Résultat ? Onze personnes contaminées et deux d’entre elles dans un état préoccupant. La confiance est rompue…

Les jours qui suivent. La direction d’AB InBev intimide les travailleurs afin de les pousser à reprendre le travail. Elle envoie des sms menaçant de les congédier s’ils ne retournent pas travailler ou  insinuant que la grève est terminée alors que ce n’est pas le cas. Des menaces sont également faites à l’encontre des travailleurs temporaires ; on leur fait craindre de ne pas être repris. Il s’agit d’atteintes graves au droit de grève ! Les dépôts d’AB InBev situés à Ans, Jumet et Anderlecht se mettent également en grève en solidarité avec les travailleurs de Jupille.

Mardi 8 septembre. Une conciliation a  lieu. Après cinq heures de discussion, elle échoue. AB InBev a refusé tout compromis incluant l’écartement des deux responsables le temps de réaliser l’enquête sur les causes de la propagation du virus dans l’usine.

Du 9 au 14 septembre. Les menaces et intimidations de la part de la direction s’intensifient. Des huissiers sont envoyés au piquet, mais également aux domiciles des travailleurs où ils délivrent des injonctions allant de 3.000 à 11.000 euros, à payer dans les 24h, avec menace sur la saisie des meubles. Un communiqué d’AB InBev publié le 9 septembre prétend également que les grévistes se sont montrés agressifs envers les autres travailleurs ! C’est faux ! Les travailleurs partent en grève de manière volontaire. Parallèlement à ces intimidations, des actions de solidarité voient le jour. Les brasseries de Louvain et Hoegaarden se mettent, elles aussi, en grève.

15 septembre. Une action de solidarité réunissant pas moins de 150 personnes, dont des personnalités politiques et le Président de la FGTB, Thierry Bodson, est organisée devant l’entrée de l’usine. Une deuxième réunion de conciliation a lieu l’après-midi. Les recommandations du bureau prennent en compte les revendications rouges, à savoir :

  • La mise en place d’un audit externe indépendant composé de six experts dont deux désignés par la FGTB et présidé par un inspecteur de contrôle du bien-être. La directrice des ressources humaines et le conseiller en prévention n’en feront pas partie.
  • Les astreintes reçues par le personnel seront supprimées dès que la reprise du travail sera effective.
  • La reprise du dialogue social et la reconstruction de la confiance dans le respect des CCTs sectorielles.

Ce résultat n’aurait pas pu être obtenu sans le combat acharné de la délégation de la FGTB Horval de Jupille et sans les différentes actions de soutien. La FGTB Horval et ses délégués remercient l’ABVV, l’ACV et les nombreux camarades qui ont soutenu l’action, dont Thierry Bodson et Jean-François Tamellini. Elle ne peut que regretter l’attitude de la CSC de Jupille, qui n’a pas fait preuve de solidarité envers les travailleurs et qui, pire encore, s’est rangée du côté de la direction à de nombreuses occasions et nous a attaqués en diffusant des informations mensongères. Honte à elle !

Pour notre part, le combat continue et nous serons toujours là pour défendre les droits et la santé des travailleurs !

Copyright : Ali Selvi / Krasnyi