Cri d’alarme: exploitation de travailleurs saisonniers

« Vous êtes déjà au courant ? Il y a une grève sauvage de saisonniers dans une entreprise horticole près de Louvain ! » - voilà comment nous avons appris le 15 septembre le cri d’alarme d’une quarantaine de travailleurs roumains et polonais qui travaillent en tant qu’ouvriers saisonniers dans une entreprise horticole à Bekkevoort. Nous avons appris la nouvelle grâce à nos contacts à l’EFFAT, la Fédération européenne de syndicats dans les secteurs de l’alimentation, de l’agriculture et du tourisme et des branches connexes. Nous avons immédiatement tiré la sonnette d’alarme et les collègues de Horval Louvain ont mis tout en œuvre pour entrer en contact avec les travailleurs et pour les assister.

Ce n’était pas évident : Il y a non seulement la barrière linguistique, mais aussi les ouvriers saisonniers étrangers qui connaissent rarement leurs droits. Ainsi, souvent ils ne savent pas qu’ils peuvent faire appel au syndicat pour les assister. Bien qu’au début ils n’osaient pas trop par peur de l’employeur et par crainte de ne pas être payés, ils ont tout de même fait des démarches par la suite. D’abord, ils ont essayé en vain de contacter leur ambassade… Via des contacts avec des compatriotes en Allemagne, ils ont été mis en contact avec des activistes de Louvain qui travaillent sur les travailleurs migrants, et ainsi avec l’EFFAT et la FGTB Horval.

Ce que nous avons appris de ces travailleurs était hallucinant. Ils travaillaient 10,5 heures par jour dans l’entreprise, mais ils n’étaient pas payés et ne recevaient pas l’indemnité promise pour acheter de la nourriture. Ils dormaient à douze dans une chambre. Certains n’avaient pas de lit et devaient dormir par terre ou dans un fauteuil. Les circonstances hygiéniques laissaient à désirer: lors de leur arrivée, ils ont dû chasser les rats de leurs chambres. Il y avait des fuites dans les toilettes et ils pouvaient seulement prendre des douches froides… Ils ne recevaient pas de repas, mais ils étaient autorisés à manger des pommes.

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Le secrétaire de la FGTB Horval Bert Verhoogen suit le dossier de tout près. Nous avons pris contact avec lui pour un état d’avancement.

Bert Verhoogen: Actuellement (le 23/9), il y a encore une dizaine de travailleurs présents sur le terrain de l’entreprise. Ils ne peuvent pas encore rentrer chez eux sans le salaire dû. D’autres travailleurs ont décidé de ne pas attendre et ils sont rentrés dans leur pays d’origine ; ils sont découragés et fâchés. L’employeur refuse toute communication, donc nous faisons les démarches formelles afin de faire appel à l’Inspection sociale. Il s’avère que le salaire non-payé n’est seulement qu’une partie du problème. Normalement, les ouvriers saisonniers doivent être capables de présenter une carte cueillette ou une carte occasionnelle. Cette carte a le même statut qu’un contrat journalier. Aucun travailleur n’a cette carte. La question reste donc de savoir si l’employeur les a déclarés à la Banque-Carrefour de Dimona ou s’il les a fait travailler illégalement. Il incombe à l’Inspection sociale d’examiner cela. Nous avons déjà déposé une plainte.

Comment éviter ces situations à l’avenir?

Bert Verhoogen: Toute une série de mesures s’impose. Tout d’abord, il est grandement nécessaire de fournir davantage de moyens pour l’inspection sociale – la FGTB insiste là-dessus depuis des années. Actuellement, il s’écoule beaucoup de temps avant que l’inspection puisse entamer une enquête  et les inspections préventives se font rares. L’inspection flamande du logement pourrait également y jouer un rôle – je ne peux pas croire que les circonstances dans lesquelles ces personnes doivent vivre soient conformes.

Alors, comment procéder pour les victimes?

Bert Verhoogen: Nous allons mettre tout en œuvre pour qu’ils reçoivent ce à quoi ils ont droit. On parle ici d’une procédure juridique, à commencer par les constats de l’inspection sociale. Espérons qu’elle pourra agir vite.

 

Le travail saisonnier – qu’en est-il?

En Belgique, il existe une réglementation légale pour le travail saisonnier ou occasionnel dans l'horticulture depuis 1994. En 2014, une réglementation a également été mise en place dans l'agriculture. Elle a été conçue pour gérer les pics et lutter contre le travail au noir.

Les travailleurs sont autorisés à travailler un nombre limité de jours en tant que travailleurs saisonniers. Les employeurs sont également limités dans le nombre de jours où ils peuvent utiliser des travailleurs saisonniers. Le nombre de jours varie selon la culture et la branche agricole.

Les travailleurs saisonniers reçoivent de leur employeur un formulaire occasionnel sur lequel ils déclarent chaque jour de travail. Ce formulaire compte comme un contrat journalier. Le salaire varie d'un sous-secteur à l'autre. Dans la fruiticulture, il existe actuellement un salaire horaire minimum de 9,69 euros par heure. Il existe également un certain nombre de primes et d'indemnités de déplacement à certaines conditions. Consultez la FGTB Horval pour obtenir les dernières informations détaillées.