Les libertés syndicales attaquées frontalement par la Brasserie Delsart

Aujourd’hui plus que jamais, les libertés syndicales sont en danger. Elles font l’objet d’attaques de toutes parts. Les tribunaux ont déjà condamné pénalement plusieurs camarades ayant participé à des actions syndicales, la condamnation allant jusqu’à de la prison avec sursis. Citons ici les « 17 de Cheratte » ou encore Laurent et Billy de la CGSP. Parallèlement, les politiciens, principalement de droite, tentent d’affaiblir les syndicats en leur imposant une personnalité juridique.

Dans ce contexte, les employeurs se sentent en position de force et mettent tout en œuvre pour faire taire les syndicats. La FGTB Horval Namur-Luxembourg est confrontée actuellement à un exemple caricatural de ce type de comportements. Il se déroule à la Brasserie Delsart, établie dans le zoning de Fernelmont, dans la province de Namur.

LES FAITS

Delsart attaque les libertés syndicales à deux niveaux. Avant de les expliciter, il faut préciser que la délégation de la FGTB Horval a proposé à plusieurs reprises de dialoguer avec les dirigeants. À chaque fois, elle a dû essuyer un refus catégorique.

  1. 1. Refus non fondé d’installer une délégation syndicale - Depuis les dernières élections sociales de 2020, un CPPT a été installé à la Brasserie Delsart. Les deux mandats ont été attribués à la CSC. Depuis deux ans, cette dernière a toutes les peines du monde à effectuer son travail syndical au sein du CPPT. Delsart met tout en œuvre pour que la concertation sociale ne fonctionne pas. Début 2022, l’uns de affiliés de la FGTB Horval nous a fait savoir qu’il souhaitait s’impliquer dans la vie syndicale de l’entreprise. Nous avons alors convenu avec la CSC de mettre en place une délégation syndicale. Les conditions légales étant rencontrées, une demande d’installation d’une délégation syndicale a été déposée en front commun avec la CSC le 24 février 2022. Nous avons ensuite désigné notre délégué syndical le 24 mars. Quelques jours plus tard, Delsart a décliné notre demande d’installation d’une délégation syndicale. Selon la direction, cela mettrait de la pression sur les travailleurs. Ces derniers auraient le choix d’accepter ou non une délégation syndicale. C’est faux. Lorsque les conditions en termes de nombre de travailleurs syndiqués dans l’entreprise sont remplies, l’employeur est obligé d’accepter, que ça lui plaise ou non. Suite à ces propos, Horval a saisi la commission paritaire du litige. Une réunion de conciliation devait se tenir le 23 mai dernier. Elle a été annulée au dernier moment. Une nouvelle réunion s’est tenue le 7 septembre.
  2. 2. Licenciement du délégué syndical - Delsart est allé encore plus loin  : le délégué syndical a été licencié le 4 juillet. Et ce, sans le moindre respect de la procédure de protection contre le licenciement des délégués syndicaux. Et sans aucune consultation préalable de la FGTB Horval. Il a fallu attendre un courrier du 25 juillet pour connaître la raison de son licenciement. Tous les faits reprochés sont fermement contestés. Notre délégué n’avait jamais fait l’objet de la moindre remarque et n’avait jamais reçu d’avertissement.

 

ACTION DU 29 JUILLET 2022

Suite au licenciement de notre délégué, nous ne pouvions pas rester les bras croisés. Le 29 juillet nous avons mis sur pied une action surprise de blocage des fournisseurs ainsi que des camions de livraison de la brasserie. Cette action fut une réussite et nous remercions encore les camarades qui sont venus renforcer nos rangs. Ce soutien était particulièrement nécessaire au vu du comportement du patron et de ses «  sbires  » qui n’ont pas hésité à user de la force et de la menace pour tenter de forcer les barrages. Pour ce qui est du patron, il a refusé toute discussion, clamant haut et fort que notre délégué était un « imbécile » et qu’il ne voulait pas de délégation syndicale parce qu’il est là pour travailler.

L’action a été reprise par les médias, ce qui a contraint la Brasserie Delsart à réagir par un communiqué diffusé sur Facebook. Celuici est mensonger à bien des égards et montre clairement son mépris pour les syndicats. Il qualifie notamment nos pratiques de bananières. Dans les différents commentaires, il a également été fait état de la condamnation pénale des 17 de Cheratte pour tenter de discréditer notre action. Enfin, la Brasserie Delsart s’est victimisée en créant le hashtag « #jesuisbrasserieDelsart » sur les réseaux sociaux.

CONCILIATION

Le 7 septembre a eu lieu une conciliation qui a duré pas moins de… 6h30. Le bureau de conciliation a rappelé à Delsart qu’il faut respecter les CCT sectorielles et qu’il est obligatoire d’instituer une délégation syndicale si les conditions sont remplies. Une prochaine date de réunion a été fixée. Elle aura lieu le 18 octobre, cette fois-ci dans les locaux de l’entreprise, en présence du Président de la commission paritaire. Affaire à suivre donc…