Le quotidien difficile d’une travailleuse domestique : Rencontre avec Nancy, déléguée Horval

Nancy Anselin travaille comme travailleuse domestique depuis 2007. Educatrice de formation, elle est devenue travailleuse des titres-services pour permettre à son mari de démarrer sa carrière et pour s’occuper de ses enfants. Il y a quelques années, fatiguée de subir différentes formes d’injustice, elle décide de devenir déléguée pour la FGTB Horval. A travers une discussion, elle nous raconte son quotidien difficile de travailleuse domestique et son rôle en tant que déléguée syndicale.

En commençant à travailler dans les titres-services, Nancy s’est rapidement rendue compte de la situation précaire du secteur. Elle nous explique tout d’abord que c’est un travail difficile avec des contraintes physiques car il demande de répéter certains gestes plusieurs heures de suite pendant plusieurs jours. Mais il existe aussi des contraintes morales. En effet, Nancy explique qu’il faut au début apprendre à surmonter certaines barrières psychologiques. Elle comprend rapidement que certains clients sont irrespectueux , mais elle apprend à prendre du recul et passer outre pour ne pas se décourager, et surtout pour ne pas perdre son emploi.

Durant sa carrière, Nancy a également été témoin et victime d’harcèlement sur son lieu de travail qui est, selon elle, « à 100% présent » dans le secteur. Elle nous décrit trois différents types d’harcèlement qu’elle a pu observer. Premièrement, le harcèlement sexuel. Ce sont des remarques à caractère sexuel ou encore des comportements déplacés. Ensuite, le harcèlement moral. C’est lorsque le client en arrive à la critiquer, l’insulter ou lui en demander trop. Et enfin, elle décrit une sorte d’harcèlement quotidien banalisé. Ce sont des petites remarques désagréables, comme par exemple lui dire qu’elle est moins bonne dans son travail qu’une autre collègue. Nancy nous explique que ces genres de comportement sont forcément liés à certaines mentalités que peuvent avoir les hommes envers les femmes. Et les travailleuses n’osent pas toujours s’en plaindre non plus car c’est très difficile à prouver et elles ne veulent pas mettre leur emploi en péril.

Alors, il y a quelques années, Nancy a décidé qu’il fallait que cela cesse et que la situation évolue enfin pour elle et « les filles » du secteur. Elle est donc devenue déléguée syndicale pour la FGTB Horval. Elle nous raconte que ça lui a permis de reprendre confiance en elle, qu’elle se sent désormais plus forte, mais surtout utile : elle informe, elle conseille, elle lutte au quotidien pour ses collègues. Elle sert de relai pour transmettre à l’employeur ce qui ne va pas. Ce rôle de déléguée lui a également permis de se rapprocher des autres travailleuses et d’ainsi développer un réseau de contacts, qu’elle nomme « sa petite toile d’araignée ».

Si elle sait qu’elle ne changera pas le monde, Nancy espère bien faire la différence pour ses collègues du secteur. Mais de nombreuses choses restent à accomplir pour les travailleurs domestiques. Elle aimerait par exemple voir la mise en place de groupes de parole, de centres d’écoute, où les travailleuses pourraient se réunir et échanger. Dans un métier où elles travaillent constamment seules, cela leur permettrait de se rencontrer et, à terme, s’unir et renforcer leur voix. Nancy souhaiterait également que les décisions prises pour le secteur soient harmonisées partout en Belgique. Le travail est le même nous dit-elle, pourquoi existe-t-il dès lors des différences d’une Région à l’autre ?

La crise du coronavirus ayant exacerbé ces divers problèmes, Nancy espère maintenant que son métier, et toutes ses complications, seront considérés à leur juste valeur et que de réels progrès seront faits pour le secteur et les travailleuses.