Fermeture des restaurants de la Commission européenne : l'hypocrisie de l'Europe

COMMUNIQUE DU 18/12/2020

Le dimanche 22 novembre, les organisations syndicales ont été informées de la fermeture des restaurants de la Commission européenne. Cette dernière a annoncé l'annulation d'un appel d'offres pour des activités de catering aux sociétés Compass et Ciano. 400 emplois sont en danger !

Le 30 novembre 2020, Ursula von der Leyen, Présidente de la Commission européenne, annonce une aide financière de 2 milliards d’euros pour la Belgique. Elle commente : « Cette enveloppe européenne s’appelle "Sure", c’est-à-dire "sûr, en sécurité" en anglais, l’idée étant de sécuriser un maximum d’emplois, le temps de la crise. » Elle ajoute : « Il est important que les entreprises saines survivent à cette crise sévère ».  Et elle termine : « Le message principal aux entreprises est : nous savons que la crise est dure. Mais ne licenciez pas vos travailleurs. Gardez-les dans l’entreprise. Même s’il n’y a pas assez de travail. Nous allons subsidier les salaires. Parce que quand l’économie va redécoller, quand le marché va redécoller, les commandes reviendront, et vous pourrez alors prendre ces commandes parce que vous aurez toujours le personnel compétent. »

Derrière ses annonces chocs se cache une toute autre réalité... Une réalité qui se vit au cœur même de la Commission européenne, cette même Commission dont elle est la présidente. Le 20 novembre dernier, la Commission a pris la décision de mettre fin à toute activité de restauration. Cette décision va plonger énormément de familles dans la précarité, voire la pauvreté ; 400 travailleurs si on ne compte que les travailleurs employés par Compass et par Ciano sur la seule Commission européenne, mais des milliers si on compte tous les travailleurs de la restauration collective au sein des autres institutions européennes et tous les travailleurs du nettoyage, du gardiennage et toutes les entreprises qui gravitent de près et ou de loin autour des institutions européennes à Bruxelles. Il s’agit de travailleurs avec des compétences et qualifications  qui pourront permettre une relance lorsque le marché va « redécoller », pour paraphraser la présidente de la Commission européenne.

De plus, la Commission européenne et les autres institutions européennes auraient décidé de fermer de très nombreux immeubles à Bruxelles et de profiter de la période Covid pour changer leur modèle et favoriser le homeworking. Une grande partie des dépenses dans l’immobilier (achat ou location) vont être abandonnées (40 %) et les économies ainsi réalisées permettront d’aménager les appartements et maisons privées des fonctionnaires. Elles ont déjà dégagé 1.000.000 € pour équiper les fonctionnaires chez eux de fauteuils, de portables…. Cette annonce est une catastrophe pour tous les travailleurs salariés occupés dans les cafétérias des institutions européennes à Bruxelles (Ciano +/- 230 personnes et Compass +/- 150 personnes). Demain ce seront les travailleurs employés dans toutes les entreprises de sous-traitance (le nettoyage, le gardiennage ) qui vont être affectés.

Le front commun syndical est outré... Nous traversons une période particulièrement compliquée pour les travailleurs. D’une part, la Commission encourage les employeurs à ne pas licencier en annonçant des subsidiations importantes, et d’autre part, elle invoque la force majeure avec toutes les conséquences qui pourraient en découler pour les 400 personnes concernées.

Dans ses grands discours et ses beaux communiqués, la Commission met en avant la sécurité à l’emploi, mais, qu’attend–elle pour mettre en pratique ce principe ? L’argent public ne devrait-il pas être utilisé dans ce sens plutôt que pour aménager et au passage embellir les villas des fonctionnaires ?

Comment est-il possible de prôner une Europe sociale et en même temps poignarder dans le dos 400 travailleurs ?

Le front commun syndical dit STOP à cette hypocrisie européenne et aux décisions rapides et unilatérales. Il exige un plan social respectueux pour les travailleurs et aussi, et surtout, une concertation sociale !