Reprise du travail : « En tant que maman célibataire, je n’ai pas eu le choix »

Le secteur de l’horeca a été le premier à fermer à cause du coronavirus. Plus de 90% des travailleurs se sont retrouvés en chômage temporaire pour force majeure. Mais la semaine du 20 avril les drive-in des fast-foods ont rouvert leurs portes et ont donné la possibilité à certains travailleurs de retourner travailler. C’est le cas d’Anne-Catherine Coulon, déléguée de la FGTB Horval. Explications.

J’ai fait le choix de recommencer à travailler pour des raisons financières. En effet, en temps normal je gagne 1.119 euros brut pour 20 heures de travail par semaine (il n’y a que des contrats à mi-temps dans mon entreprise). Le chômage temporaire représente 70% du salaire brut, si on retire le précompte professionnel, il ne me reste que 524,90 euros net par mois. J’ai le loyer à payer, les charges, l’électricité... J’ai également un enfant de 19 ans à charge, à qui il reste un an d’études à effectuer. J’ai dû puiser dans mes économies… Cette situation ne pouvait pas perdurer. En tant que maman célibataire je n’ai pas eu le choix, j’ai dû recommencer à travailler. Ceux qui ont fait le choix de ne pas recommencer sont ceux qui ont la chance d’avoir deux salaires…

Quelles sont les conditions de reprise ? Les mesures sanitaires sont-elles respectées ?

Sur le lieu de travail, il y a toute une procédure à respecter : 1,5 mètre de distanciation, pas de croisements, port de gants, masque, lavage de mains fréquent, désinfection des casiers et enfin, prise de température par les cadres. Si un travailleur a plus de 37,8 de fièvre à deux reprises, il doit rentrer chez lui. Si un cas corona est constaté, le restaurant ferme ses portes pendant deux semaines. Ça a été le cas pour un restaurant dans la région du Luxembourg. Malgré tout cela, je ne me sens qu’à moitié protégée ; ce virus est très contagieux. Quelles doivent être les priorités de la réouverture ? La santé et la sécurité des travailleurs, même si les patrons ne se soucient que de leurs chiffres d’affaires. Nous, délégués de la FGTB Horval, prendrons toutes les mesures nécessaires pour protéger les travailleurs.

Quelles sont tes revendications pour le gouvernement ?

Prendre en compte les travailleurs et les revaloriser. Il faut des contrats de qualité et un salaire décent. Je réitère notre combat pour un salaire minimum de 14 euros de l’heure, car pour l’instant dans mon secteur il n’est qu’à 12,22 euros en début de service. Après 17 ans de service dans ce restaurant, je ne suis qu’à 13,99 euros de salaire brut, et ce, suite à une augmentation en janvier de cette année. Enfin, un chômage viable dans des situations pareilles, soutenu par exemple par des primes, car pour la grande majorité des travailleurs du secteur le chômage ne pouvait pallier à leurs besoins essentiels.

Quelles sont les leçons apprises de cette crise ?

Qui nous a soutenus pendant cette période compliquée ? La sécurité sociale. La crise je vais m’en servir pour mobiliser, pour rappeler l’importance de notre plus grande conquête, la sécu !