2022, une année de mobilisation pour casser le verrouillage salarial

L’année 2021 nous a fait vivre au niveau sanitaire au rythme des nouvelles vagues du COVID, mais avec la vaccination, un vent de libération a soufflé… C’est ce que nous croyions et que tous nous avons espéré, mais 2021 s’est terminé aussi tristement que 2022 a débuté.

Nous avons maintenant un nouveau compagnon qui s’appelle Omicron. Il ferait moins peur mais rendrait plus de gens malades. Alors la Fédération des entreprises belges (FEB) se réveille : il faut sauver le soldat économie qui, selon elle, pourrait s’arrêter et générer une catastrophe. La FEB dresse un bilan cataclysmique : les entreprises, les magasins, et par conséquent l’économie, sont à l’arrêt. Elle estime que le gouvernement doit prendre des mesures fortes. Il faut pouvoir faire appel à tous ceux qui ne travaillent pas et les remettre à disposition du monde de l’entreprise : les étudiants, les chômeurs, les pensionnés. Il ne faudrait pas perdre une occasion de reprendre des droits aux travailleurs.

Mais camarades, la FEB se trompe. Si les entreprises ont besoin de travailleurs, d’heures supplémentaires, il faudra qu’elle paie le juste prix, et qu’elle arrête de pleurnicher et de toujours vouloir s’enrichir individuellement grâce au soutien du collectif, de la société. Pour le monde du travail, il y a deux priorités. Tout d’abord être protégé, l’entreprise est responsable et doit garantir la protection des travailleurs. Malheureusement, on le sait, de trop nombreuses entreprises ont désinvesti en terme de protection des travailleurs après les premières vagues. D’autre part, si on fait courir des risques à certains travailleurs qui sont obligés de se rendre sur les lieux de travail parce qu’ils ne peuvent pas être mis en télétravail, alors il faut couvrir le risque. Et pas seulement par une tape sur l’épaule, mais bien par une prise en compte de l’effort tant au niveau sanitaire que salarial.

L’autre grand défi que nous devrons relever cette année, est celui de l’inflation. Le prix de l’électricité qui flambe, tout comme celui du gaz ou du carburant. Chacun d’entre nous l’a constaté en faisant ses courses ou en recevant ses factures énergétiques. Si les hausses salariales sont ridicules, il n’en est rien pour tout ce qui concerne le panier de la ménagère. Et là, tous les travailleurs, fonctionnaires, allocataires sociaux, pensionnés, sont heureux du système d’indexation automatique des salaires. Celui-ci, sans doute avec la sécurité sociale, est l’un des plus grands acquis pour le monde du travail. Sauf que cet acquis a déjà été plus qu’écorné… En enlevant certains produits du panier de la ménagère, on a faussé ce rattrapage salarial qu’est notre système d’indexation automatique des salaires. Et le différentiel est important : on peut l’estimer à environ 2%. Indexation des salaires et liberté de négociation sont les deux garants d’un maintien du pouvoir d’achat pour les travailleurs.

En parlant de liberté de négociation, l’année 2021 nous a aussi rappelé que la loi de 96, renforcée par le gouvernement de droite MR/N-VA, écrase et continue de bloquer les salaires des travailleurs. 0,4% de marge, une aumône en fait, ne représente que des miettes pour les travailleurs, alors que les entreprises engrangent des bénéfices massifs et les actionnaires remplissent leurs poches grâce à une augmentation salariale de plus de 5% sur une année… Voir bien plus.

Scandale et injustice, il faut casser cette logique de verrouillage salarial ! 2022 devra être une année de mobilisation. Une année de libération du carcan salarial. Mais soyons clair entre nous : cette loi ne sera modifiée que par une mobilisation forte et massive du monde du travail et parce que les partis de gauche du gouvernement en feront une question de principe et exigeront une modification de cette loi inique.

 

Tangui Cornu,

Alain Detemmerman,

Co-présidents ABVV-FGTB Horval