Edito : Un programme gouvernemental dans lequel il y a à boire et à manger

Après 500 jours, la Belgique a un gouvernement avec des libéraux, des chrétiens flamands, des écologistes et… des socialistes. Une première satisfaction manifeste : le ton est différent. Nous ne sommes plus avec un gouvernement Michel (les libéraux et la NVA) qui, pendant toute la législature précédente, a attaqué le monde du travail. Mais que trouve-t-on dans ce programme ?  

La sécurité sociale est refinancée ainsi que nos soins de santé . Est-ce dû à une réelle volonté politique ou au Covid-19 ? En même temps, le monde du travail reste sur sa faim : les pensions sont toujours maintenues à 67 ans ; la loi de 1996 qui bride les salaires ne sera pas modifiée.  

Nous sommes donc en grande partie dans la continuation des politiques précédentes. Des ruptures, il n’y en a pas sauf… dans le ton. On parle effectivement, à de nombreuses reprises dans le texte, des partenaires sociaux, mais ce n’est que pour consultation.  

Le monde du travail ne doit surtout pas désarmer. Que du contraire, dans le programme gouvernemental : 

on estime très clairement que nous ne sommes pas suffisamment flexibles. De plus, le gouvernement veut nous vendre l’épargne carrière accessible à chaque travailleur (dossier que nous bloquons depuis près de 20 ans), 

ce sont uniquement les pensions les plus basses des travailleurs qui sont valorisées sans même atteindre les 1500 € minimum dans cette législature (pour rappel, les pensions des salariés en Belgique sont l’une des plus basses d’Europe) ; pire, l’harmonisation sera au rendez-vous : les indépendants qui cotisent peu s’y retrouveront, les nouveaux fonctionnaires, pas, 

l’interim journalier est condamné du bout des lèvres, mais le travail intérimaire est présenté comme une bonne réponse aux demandes de flexibilité des entreprises, 

les avantages salariaux en net sont mis en avant, ce qui cadre très mal avec un refinancement de la sécurité sociale, 

etc. 

L’adage dit que les 100 premiers jours d’un gouvernement sont décisifs. Nous y sommes attentifs.  

 

Alain Detemmerman & Tangui Cornu, Co-Présidents de la FGTB Horval