La production au détriment de l’homme et de la nature…

La manière dont les entreprises produisent et vendent leurs produits a souvent un impact négatif sur l’homme et l’environnement. Comment y faire face?

« Les noix du Brésil boliviennes ont le goût de l’exploitation », voici un titre paru dans les médias flamands en 2009. En février 2021, plusieurs médias ont à nouveau tiré la sonnette d’alarme suite à la publication de notre enquête. Il en ressort que le travail des enfants et le travail forcé sont monnaie courante dans l’Amazonie et que les producteurs, les exportateurs et les supermarchés en sont au courant. Les noix nourrissantes dans les bons bâtons de muesli que l'on trouve au magasin du coin font donc partie d’une chaîne de valeurs qui déborde de violations des droits de l’homme. Ce n’est pas un cas unique. Les organisations avec qui nous coopérons constatent des violations des droits de l’homme et des droits environnementaux commises par de nombreuses entreprises.

Il n’y a pas que les chaînes de supermarchés qui sont un maillon dans une chaîne qui génère des violations des droits de l’homme. Les organisations, avec qui nous coopérons au niveau mondial, constatent des violations commises par de nombreuses entreprises. En Afrique du Sud, le géant des boissons Heineken viole le droit au repos. En Amérique centrale, Adidas et Fruit Of The Loom violent les droits du travail dans les usines. Apparemment, ils estiment que les droits de l’homme ne s’appliquent pas à leurs ouvriers.

Les droits environnementaux sont aussi mis sous pression par les entreprises. Les organisations actives dans le secteur bolivien de l’huile de palme et des bananes constatent que les monocultures et les pesticides qui en font partie mettent le droit à la santé sous pression. Les organisations de santé salvadoriennes luttent pour le droit à l’eau et mènent des actions contre les entreprises souhaitant privatiser l’eau potable. Au niveau mondial, les entreprises ont également un impact négatif sur l’homme et l’environnement. Entre-temps, il a été démontré que seulement 20 multinationales sont responsables d’un tiers des émissions de CO2 au niveau mondial.

De plus, il est extrêmement dangereux de défendre les droits de l’homme et environnementaux. Nous avons déjà attiré l’attention sur les menaces commises sur les défenseurs de droits de l’homme, et actuellement des activistes syndicaux et environnementaux sont toujours assassinés. L’implication des entreprises a déjà été démontrée à plusieurs reprises.

Les droits

Est-ce que cela signifie que nous vivons dans un monde dominé par une méchante conspiration des entreprises ? Non. Dans leur aspiration à un bénéfice maximal, les entreprises déplacent les processus de production et elles les sous-traitent. Ainsi, la transparence diminue et les risques se renforcent. Cela mène, pas nécessairement consciemment, à des violations des droits. Des droits ancrés internationalement dans des textes et des conventions. Les droits sur lesquels tout le monde devrait pouvoir s’appuyer.

Certaines entreprises cherchent des solutions depuis des décennies. En effet, les consommateurs ne sont pas enthousiastes d’acheter des produits trempés dans le sang. Pensez aux codes de conduite, des labels ‘éco’ ou d’autres labels. Pourtant, des études ont démontré que ces initiatives volontaires excluent les organisations de travail et ne génèrent pas de changements utiles sur le terrain.

Et maintenant ?

Il est difficile de changer un système tout seul. Nous coopérons avec des organisations qui constatent et dénoncent les violations des droits de l’homme et des droits environnementaux commises par des entreprises. Elles informent les membres de leurs droits et négocient avec les entreprises ou les autorités afin de garantir ces droits.

De plus, nous plaidons activement pour des cadres légaux contraignants afin de rendre punissables les violations des droits de l’homme et des droits environnementaux par les entreprises. Le plaidoyer pour une loi belge sur le devoir de diligence en fait partie. Une telle loi doit tenir les entreprises actives en Belgique responsables des violations dans leur chaîne de valeur. Le processus parlementaire est en cours et nous le suivons de tout près avec des ONG et des syndicats belges.

Ainsi, nous pouvons changer les règles de jeu et nous aurons une transition juste vers un nouveau système mondial qui respecte l’homme, la nature et les droits y afférents pour tous.

A l’heure actuelle

Qu’est-ce que nous réserve l’avenir ? Un monde caractérisé par la solidarité internationale où les impuissants se renforcent, construisent leurs organisations, mettent au point leur prestation de service, se tournent vers les autres et participent à la politique locale et mondiale. Ainsi, l'avenir dont nous rêvons devient aujourd'hui une réalité.

 

Article rédigé par Dries Merre de l'ONG FOS et publié sur dewereldmorgen.be

© Photo : Sandrine Corbeil