« Ce n’est pas un blocus, mais un génocide »
Depuis plusieurs mois, Cuba est confrontée à un double fardeau : le blocus américain et le Covid-19. Notre partenaire María del Carmen Rodríguez Reyes, responsable du département de Coopération internationale de la CTC (Centrale des travailleurs de Cuba) et psychologue, s’exprime sur les effets de ce blocus que les États-Unis imposent à Cuba depuis déjà plus de 60 ans…
« Au niveau professionnel il y a beaucoup de difficultés pour travailler. Dans mon cas, la voiture du bureau est très obsolète avec beaucoup de dégâts techniques. Il faut la réparer tout le temps. Il y a un manque de fournitures pour le travail : de papier, de cartouches d’encre, etc. Grâce à la solidarité, ces problèmes se sont atténués . Cela vaut pour tous les bureaux de la CTC. Il y a aussi des problèmes avec le transport, avec l’infrastructure, bien que la CTC fait de son mieux pour entretenir tous les locaux.
Au niveau familial il y aussi un problème, parce que tout le monde doit aller chercher les produits essentiels qui deviennent de plus en plus rares, comme les produits de nettoyage et la nourriture. Pour les femmes, la double journée complique la tâche encore plus. En tant que femme, vous n’avez pas seulement votre travail, mais après vous devez faire les courses pour la famille, cuisiner, nettoyer et là aussi les produits deviennent de plus en plus rares.
Je pense que le blocus se fait sentir partout et à tous les niveaux. Actuellement, avec la pandémie, cette situation horrible qui affecte le monde entier, le blocus devient un génocide pour moi. Nous sommes isolés, le gouvernement nous appelle à rester chez nous, à travailler à domicile. Avec beaucoup de sacrifices aussi, car tout le monde n’a pas la possibilité d’avoir accès à Internet, ou à des données. Pour le Cubain moyen, cela coûte assez cher, mais il y réussit tout de même parce qu’il se dévoue pour son travail. Or, les queues d’attente pour acheter des produits de base, des aliments, et surtout des protéines, vont à l’encontre de la nécessité de nous isoler, de ne pas propager le virus.
Le Ministère de la Santé Publique, ainsi que le gouvernement, ont pris toutes les mesures. L’intérêt de prendre soin de la santé de tous les Cubains est bien là. Il y a des mesures qui me semblent logiques, comme la quarantaine des personnes qui arrivent, des personnes qui ont été en contact avec les personnes contaminées. Mais, évidemment, des mesures alternatives ont également été prises pour assurer certaines fournitures indispensables subventionnées, réglementées et contrôlées. Mais, il en existe d'autres produits que le pays ne peut pas fournir à tout le monde, car cette possibilité n'existe pas.
Simultanément à cette lutte mondiale dont l’objectif est de sauver les vies, il y a des gouvernements, comme celui des Etats-Unis, qui ne comprennent pas que ce sont des moments où la solidarité est indispensable. Ils reçoivent maintenant de l’aide de la Chine et de la Russie. Nous, ils ne peuvent pas nous aider. Ils nous bloquent. Pensez à la question des combustibles dont l’approvisionnement est coupé depuis septembre. Pour moi, ce n’est pas un blocus, mais un génocide et cela va à l’encontre de toute valeur humaine. »
Pour découvrir la campagne « De l’oxygène pour Cuba » de la Coordination pour la levée du blocus dont nous sommes membres et envoyer votre message de solidarité à nos camarades cubains, cliquez ici.