Lettre ouverte au Président Biden

Ces 4 dernières années, l’administration Trump a véritablement coincé Cuba  en renforçant systématiquement  les mesures du blocus. Cela a marqué une rupture avec la position du gouvernement Obama-Biden qui avait lancé la normalisation des relations entre les deux pays.  Il est clair que la politique du Président Trump n’a pas produit les résultats qu’il attendait et seuls les citoyens cubains ont été pénalisés.  Le nouveau président Biden n’a pas encore dévoilé sa future politique envers Cuba. C’est donc le bon moment pour lui démontrer qu’il peut annuler les restrictions néfastes de l’administration Trump.

Lettre ouverte au Président Biden

En tant que Coordination pour la Levée du Blocus contre Cuba,  nous accueillons votre arrivée en tant que Président et y voyons une chance de normaliser les relations entre les Etats Unis et Cuba tout comme l’a fait le gouvernement Obama-Biden en son temps.

 Ces 4 dernières années nous avons vu comment le président Trump a complètement retourné le processus de normalisation en imposant de très fortes restrictions à Cuba qui ont principalement affecté le peuple cubain.

Les transferts d’argent entre les Etats Unis et ailleurs vers les familles sur l’île sont tout à fait impossibles, les citoyens américains ne peuvent plus voyager à Cuba, la coopération médicale pour freiner la pandémie est entravée. 

Nous espérons que votre administration va renoncer entièrement à cette politique inhumaine et revenir sur la voie lancée par le gouvernement Obama. Nous osons même espérer que vous allez travailler à  une normalisation totale des relations en annulant la loi Helms-Burton.  Il nous semble que le moment  est venu pour que vous preniez le plus rapidement possible l’initiative de faire approuver par le Congrès un cadre juridique permettant l’annulation  des lois du blocus.

Entretemps vous  pourriez prendre des décisions simples qui démontreraient votre bonne volonté et disposition pour assurer la sécurité et la paix avec Cuba. Dans cette perspective, nous insistons sur les mesures suivantes :

- le retour du staff entier à l’ambassade des Etats Unis à La Havane pour que les services (consulaires) soient à nouveau accessibles.

- la levée de toutes les restrictions sur les transferts d’argent vers les familles et connaissances à Cuba.

 - la suppression de Cuba de la liste des pays qui soutiennent le terrorisme.

 - la suspension d’urgence de l’activation de l’Article III et IV de la loi Helms-Burton

Après cela, nous pensons encore aux mesures suivantes :

En ce qui concerne les voyages :

- la suppression des limitations actuelles pour les voyages de citoyens américains afin qu’ils soient libres de se rendre à Cuba.

- l’autorisation aux citoyens américains d’être libres de choisir où séjourner et manger à Cuba

- l’autorisation de vols commerciaux vers d’autres aéroports que la Havane.

En ce qui concerne les soins de santé :

- la promotion de la coopération entre professionnels de santé dans la lutte contre le COVID-19

- l’autorisation d’exporter vers Cuba de l’équipement médical et des fournitures de base

 -l’autorisation d’exporter vers Cuba des médicaments et les matières premières pour la production de ceux-ci.

- l’arrêt de toute pression sur le personnel médical cubain pour les persuader de quitter leurs missions à l’étranger.

En ce qui concerne le commerce :

- L’autorisation de commercer entre Cuba et les entreprises américaines.

- l’autorisation des investissements américains dans les secteurs qui conviennent aux deux pays

- la levée des restrictions extraterritoriales sur le commerce et l’investissement d’entreprises de pays tiers.

Nous répétons que la normalisation des relations entre les Etats Unis et Cuba ne sera possible que si la loi Helms-Burton est annulée. Mais les mesures ci-dessus qui sont entièrement de votre compétence, pourraient être un premier pas.

Nous attendons et espérons que votre politique s’appuiera sur la paix et le respect entre les deux pays.

Biden pourrait-il d'un trait de crayon barrer Cuba de la liste des pays terroristes ?

Une semaine après l’investiture du président Biden, sa porte-parole Jen Paski déclarait que les Etats Unis allaient revoir leur politique envers Cuba, en commençant par toutes les mesures prises par Trump au cours des 4 années précédentes.  Mais le président Biden pourrait-il sans plus aussi retirer Cuba de la liste des pays qui soutiennent le terrorisme

A la mi-janvier 2021 Mike Pompeo, ministre sortant des affaires étrangères pour les Etats-Unis a inscrit Cuba sur la liste des pays qui soutiennent le terrorisme

Il a de la sorte mis un obstacle supplémentaire pour le président Biden récemment investi. Revenir en arrière et effacer Cuba de cette liste ne semble pas simple à faire d'après l'histoire passée. 

En mars 1982, le président Reagan avait mis Cuba sur cette liste argumentant que ce pays soutenait les mouvements de libération d'Amérique centrale tout comme le terrorisme. Depuis lors, Cuba est restée sur cette liste pendant 33 ans bien qu'aucune preuve de ce soutien n'ait été apportée. 

Les présidents suivants n'ont pas jugé politiquement opportun d'enlever Cuba de cette liste. La crainte de répercussions électorales du puissant lobby anti-castro de Floride était présente. Au milieu des années 90, l'administration Clinton a confié à Richard Nuccio la mission d'explorer les conditions pour retirer Cuba de cette liste. « Je n'ai jamais trouvé d'argument convaincant justifiant la présence de Cuba sur cette liste. Cela a été fait pour des raisons politiques et cela reste tel pour des raisons politiques. Cette affirmation est soutenue par le fait qu'au cours des années, les Etats Unis et Cuba ont collaboré dans la lutte contre le terrorisme. Après une série d'attentats à la bombe contre des hôtels à la Havane en 1997, les services de renseignements cubain et américain ont travaillé ensemble pour éviter de nouvelles catastrophes.

 L'élection du président Obama a suscité l'espoir après qu'il ait déclaré que la politique envers Cuba était en révision. Il n'a cependant pas fait le pas tout de suite et cela prit encore 6 mois - le 14 avril 2015 – pour qu'Obama retire Cuba de la liste des pays soutenant le terrorisme

Obama dit n'avoir aucune preuve ni en politique ni dans les faits justifiant cette mesure. Depuis lors la politique de Cuba n'a pas changé ; Et pourtant l'administration Trump a remis Cuba sur cette liste.  Une politique honteuse contre Cuba mais aussi contre le président Biden. Mettre Cuba sur cette liste semble se faire sur signature du président. Mais faire le mouvement inverse ne semble pas évident au vu des résultats électoraux. Mais il y a aussi des questions de procédure.

Le Président Biden peut avec sa signature mettre en œuvre toute une série de décisions de son prédécesseur. Mais un changement sur la liste des pays terroristes nécessite une révision formelle par le ministre des affaires étrangères (State Department) et une déclaration présidentielle au Congrès. Après cela, suit une période de 45 jours au cours de laquelle, les membres du congrès peuvent introduire des objections. Des hommes politiques aux ambitions électorales comme Pompeo ou Marc Rubio ne vont pas rater l'occasion de plaire à l'électorat de Floride. Ils ont actuellement une belle occasion d’attaquer l’administration Biden et de contrecarrer la normalisation des relations avec Cuba.

Entre temps, le président de la Commission Finances du Senat, le démocrate Ron Wyden a soumis une proposition de loi pour lever toutes les sanctions contre Cuba. “Les sanctions sont un résidu des années 60 du siècle passé.  La poursuite d’une politique obsolète et défavorable afin d’isoler l’île signifierait un échec pour le leadership des Etats Unis” souligne Wyden. La proposition de loi sur le commerce entre les Etats Unis et Cuba doit annuler toutes les lois blocus comme la Loi Helms-Burton et la Loi Torricelli. Des relations commerciales normales pourraient alors être enfin possibles.  Simultanément, la loi lèverait aussi les barrières aux “remesas”(transfert d’argent), aux investissements et aux voyages vers Cuba.

 Wyden a déjà pris une initiative semblable en 2017 mais elle rencontra alors trop de résistance. Espérons que cette fois cette proposition sera approuvée par le Congrès.