Des situations intolérables dans les plantations bananières équatoriennes

Selon toute vraisemblance, vous achetez au supermarché des bananes arrosées de pesticides. Et peut-être est-ce aussi le cas de l’ouvrier qui les a cueillies…

Le 18 novembre 2016, un ouvrier bananier a enregistré un avion d’arrosage de pesticides cancérogènes survolant pendant le déjeuner, et il a remis l’enregistrement au syndicat bananier ASTAC.

ASTAC l’a communiqué immédiatement au Service national de Médiation et leur a demandé de visiter la plantation bananière concernée pour examiner l’affaire. Il s’est non seulement avéré que l’utilisation illicite de pesticides empoissonne peu à peu les ouvriers bananiers, mais aussi que ceux-ci ne sont pas affiliés à la sécurité sociale et qu’ils n’auront donc pas de soutien en cas de maladie.

Regardez comment les ouvriers sont arrosés. Attention : certaines images sont choquantes !

Des situations intolérables

Au cours des premiers mois de 2017, d’autres plantations ont aussi été pris dans le collimateur. Diana Montalvo, qui travaille pour FOS en Equateur, a assisté à une de ces inspections et nous raconte : « Au début, les ouvriers ne voulaient pas nous donner des informations, puisque de par leur expérience, ils savent que ces informations peuvent ensuite être utilisées contre eux. Il s’agit d’une pratique très fréquente dans le secteur. Une fois que nous avons gagné leur confiance, ils nous ont confié que leurs droits sont infiniment bafoués. Ils n’ont pas de contrat, ils ne sont pas affiliés à la sécurité sociale, ils prestent des heures supplémentaires de manière structurelle sans rémunération, ils portent à peine des vêtements de protection, il y a des enfants qui travaillent, etc. Mais ce qui me frappait le plus, c’était la discrimination à l’égard des femmes. Elles gagnent moins que les hommes, sous prétexte qu’elles ‘doivent consentir moins d’efforts’. Les hommes portaient des bottes de travail, contrairement aux femmes, qui portaient des sandales. »

Les magnats bananiers n’ont pas apprécié le fait que les travailleurs aient lavé le linge sale en public et les conséquences n’ont pas tardé. Les syndicalistes de l’ASTAC ont immédiatement été licenciés, ainsi que les membres de leur famille. Ils ont été mis sur une liste noire leur empêchant de trouver un autre emploi nulle part aux alentours. C’est une catastrophe économique pour les familles entièrement dépendantes des revenus issus du secteur bananier.

Plainte

Voilà pourquoi ASTAC a déposé plainte. Elle a organisé une conférence de presse. Non pas sans risques pourtant. De par leur expérience, ils savent que les propriétaires des plantations n’hésitent pas à engager un tueur à gages pour imposer le silence aux gêneurs. Le jeu de pouvoir est impitoyable.

C’est la raison pour laquelle FOS, Solidar (réseau européen d’ONG), FGTB HORVAL et les organisations de la campagne Make Fruit Fair comme Oxfam Allemagne ont envoyé des courriers à plusieurs instances équatoriennes et internationales, ce qui a permis de mettre fin, pour l’instant, aux licenciements.